En concert les 22 et 30 mars à Rabat, le trio Fat Old
Sound puise son registre dans la country américaine traditionnelle en la
retravaillant.
Pour une fois que le groupe vous en donne la possibilité, refusez d’être à la merci des productions qui obéissent au star-système. Ne donnez plus à la dernière country commerciale plus d’émerveillement qu’elle ne mérite. Éteignez votre téléviseur, parce que ce n’est pas grâce à la boîte à images que vous vous ferez une éducation musicale sérieusement profonde. Tant que l’ambiance y est propice, il n’est jamais tard pour mettre en rédemption un ténor de la country tel que Johnny Cash. Si Fat Old Sound le fait donc aujourd’hui avec brio, c’est qu’il y a toujours un mélomane assoiffé d’écouter le registre, d’en fredonner les chansons, de le découvrir ou de se rappeler certains souvenirs en l’écoutant. C’est surtout que Nicolas Fahy considère la country comme étant «la musique qui fait mieux échos à [ses] émotions». Partager ces émotions-là n’est alors que du bonheur.
Nicolas Fahy a grandi dans un environnement musical assez varié. Dès l’âge de sept ans, il suit un enseignement classique au Conservatoire de Lille. Il apprend le solfège et le violoncelle. Son enfance est parallèlement bercée tantôt par Tom Waits, tantôt par Elvis Presley ou 16 Horsepower. Bien après l’enfance, son véritable déclic pour la country a été en écoutant le Best-Of de Johnny Cash. Depuis, Nicolas Fahy se passionne à affiner ses recherches dans la country, découvrant à chaque fois d’anciennes chansons du folklore américain. Affinités artistiques obligent, la rencontre avec Mehdi Boubeka puis avec Thibault Foulon ne semble être qu’inéluctable. A chacun des membres du groupe son univers musical (jazz, punk, classique), mais tous ressentent le même engouement pour la recherche en la matière. C’est alors que la constitution du groupe s’est faite d’elle-même, reste à monter un répertoire pour se produire sur scène. Au départ, l’ex-directeur de l’Institut français de Rabat, François-Xavier Adam, a donné une date de concert au trio. En juin 2011, la formation a été sur scène une première fois à la Salle Gérard Philippe. Il ne fallait presque qu’une première date pour le début de l’aventure. Depuis, les Fat Old Sound sont de plus en plus appelés à jouer leur répertoire dans les cafés-bars musicaux de Rabat, puis ailleurs, à Safi, à Mohammédia et à Casablanca.
Recréer les ambiances
A chaque représentation, le plaisir de Fat Old Sound à partager sa musique se ressent toujours autant chez le public. Le répertoire est de mieux en mieux travaillé au fil des concerts. L’univers graphique est enrichi davantage par les graphismes du bédéiste Jean-François Chanson. Fat Old Sound réussit à replonger le public au cœur des États-Unis des années 1910 et 20, voire avant, sans jamais folkloriser son œuvre, au sens péjoratif. On revit alors le temps des caravanes, des red-necks et des cow-boys en écoutant The night they drove old Dixie down. On reconnaît des chansons de deux cents ans faisant partie du patrimoine américain, telle que Wayfaring stranger, ou d’autres inspirées de films comme Man on constant sorrow. On écoute aussi des chansons plus récentes mais que l’on ne reconnaît que par les paroles, tellement le rythme et les sonorités y sont intelligemment retravaillés, comme est le cas pour The Gambler. En écoutant le groupe chanter I’m so lonesome I could cry, entre autres, on ressent la récurrence des thèmes de la peur et de la mort sous plusieurs aspects. La création musicale n’est-elle pas une lutte pour échapper à l’omniprésence de la mort ? Projet à moyen terme, durable dans le temps ou formation qui immortalise la musique, Fat Old Sound réussit le pari de créer des relations de communion gravitant autour de sa création musicale.
Comme le groupe Fat Old Sound a bien eu la possibilité de voir le jour, l’enregistrement de son répertoire s’en suivra forcément. Ceci devient une nécessité, afin de développer le groupe en continuant à émerveiller le public à chaque fois, à joyeusement le surprendre.
*Prochaines dates : le 22 mars au Grand Comptoir (Rabat) et le 30 mars à l’Upstairs – (Rabat).
Ghita Zine. La Vie éco
www.lavieeco.com
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